Il est temps de se projeter en 2022, de souhaiter des mois à venir fructueux, riches en rencontres et projets et de mettre de côté la pandémie, la violence quotidienne et l'absurdité d'un monde qui déraille ! Pour ma part j'ai démarré l'année par un atelier conte avec des enfants dynamiques, intéressés, ouverts qui me transmettent leur énergie et leur confiance. Ce sont eux qui nous ouvrent la voie, nous donnent envie de partager, d'émouvoir, d'éveiller à la conscience de l'autre, du beau, de la poésie. Ce sont eux qui construiront le monde de demain, qui nous parlent de préserver les fonds marins et rêvent de nager au milieu des coraux avec un requin apprivoisé. Tout est encore possible et c'est bon de rêver, d'enjamber les mots et de dessiner l'espoir...
J'ai encore dans mes tiroirs de jolis textes que j'aimerais publier, même si je sais à quel point ce sera compliqué, encore plus aujourd'hui !, et de beaux albums porteurs de valeurs que j'ai envie de faire découvrir. C'est le sens de l'écriture, ce partage d'émotions et de mots qui parlent au cœur.
J'ai redécouvert ce matin, fort étonnée, un texte que j'ai écrit il y a quelques années, au moment du décès de Xabi, ce jeune homme de 18 ans à la vie prématurément emportée dans un stupide accident de voiture. Je me souviens de son sourire lumineux et de sa joie de vivre, du choc et de l'immense tristesse que nous avions ressentis, de cet élan collectif. En revanche je n'avais aucun souvenir de ces pages -j'avais dû les enfouir profondément, jusqu'à les oublier totalement- où je mêle intimement des fragments de son histoire, de la mienne et qui m'ont émue par leur sincérité et leur brutalité. Je relate le lien qui nous unit de façon viscérale à nos enfants et cette peur que nous avons de les perdre, cette sensation physique d'arrachement, de mutilation, à la mort d'un enfant. Une façon de traduire l'amour que nous leur portons, cet amour inconditionnel que chante avec force et talent Grand Corps Malade. Intitulée Le sens de la famille, tout simplement, c'est aussi un hommage à ses propres parents. Ses mots sont justes et forts, comme un coup de poing à l'estomac et résonnent longtemps en nous, parents aimants.
Quand t'es maman ton cœur explose et pour toujours
Ils sont dans ma tête dans mon ventre dans mon sang chaque seconde
Grâce à eux, à nos enfants, nous avançons "de la sérénité plein les poches".
En 2022 emplissons nos poches de sérénité, nous en aurons besoin. En écho me reviennent soudain ces vers de Rimbaud : Je m'en allais, les poings dans mes poches crevées, mon paletot aussi devenait idéal, j'allais sous le ciel, Muse...