Le temps s'étire, chaque jour nous rapproche d'une fin d'année que l'on sait différente, singulière et que l'on espère pourtant. Une bouffée d'oxygène, des retrouvailles familiales, un espace protégé.. Je garderai de cette année 2020 un sentiment d'étrangeté et d'étouffement, c'est le mot qui me vient. Comment respirer librement avec l'ombre du virus au-dessus de nous, cette interminable litanie de chiffres quotidiens, cette absence de perspectives ? Comment trouver/retrouver l'envie d'écrire alors que tous les projets sont à l'arrêt, que les éditeurs semblent envolés, évanouis, dissous, eux aussi en suspens j'imagine, dans l'attente.
Attendre des jours meilleurs, attendre que les chercheurs trouvent un vaccin efficace, attendre la fin du confinement, puis la reprise, attendre que l'horizon s'éclaircisse et que l'économie reprenne. Penser à la phrase de Léo Ferré "Le bonheur c'est du chagrin qui se repose". Sans doute. Ou comme disait Khalil Gibran "Plus profond le chagrin creusera votre être, plus vous pourrez contenir de joie". Pour avoir connu une perte indicible et ce vide abyssal, je sais que la vie reprend ses couleurs et que la joie est là, en réserve, à venir. C'est important d'en prendre conscience., chaque jour, quels que soient les doutes et les difficultés.
Pourtant l'attente consume, brûle les ailes, étouffe l'espérance.
Alors reprenons courage en ce temps de Noël qui approche, revenons à l'essentiel, faisons confiance à la petite fille Espérance si chère à Charles Péguy qui nous prend la main, pour voir plus haut, plus loin, plus fort.
Bâtir demain, écrire, rêver, construire un monde meilleur où les livres seront rois.